Environ 3000 nouveaux cas de cancer apparaissent chaque année dans notre pays, un chiffre qui a triplé depuis les années 80. En 2014, 1164 personnes sont décédées des suites d’un cancer, parmi lesquelles 83 cas étaient associés au cancer du colon. Malgré les tests de dépistage actuels, ce type de cancer est encore trop souvent détecté à un stade avancé, lorsque les symptômes ont déjà commencé à apparaître. Afin d’affiner l’identification et le diagnostic des maladies cancéreuses aux premiers stades de leur développement, d’adapter le traitement proposé et de prédire le risque de récurrence, on utilise des biomarqueurs spécifiques.
Projet SOCS : implication importante du CHEM
Depuis 2013, le CHEM participe au projet de recherche SOCS, une étude lancée par l’IBBL et ses partenaires chercheurs et financée par la Fondation Cancer. Menée par le Professeur Serge Haan, de l’Unité de recherche en sciences de la vie de l’Université du Luxembourg, cette étude a pour objectif de vérifier si un certain groupe de protéines pourrait servir comme biomarqueurs pour faciliter le diagnostic du cancer colorectal. À cette fin, les chercheurs ont collecté des échantillons de tumeurs dans les hôpitaux luxembourgeois disposant de l’infrastructure et des équipements nécessaires, et principalement au Centre Hospitalier Emile Mayrisch, sous la direction du Professeur (ass.) Dr Nikolaus Zügel. Immédiatement après le prélèvement, les échantillons sont transportés à la biobanque, où les pathologistes traitent les tissus et posent le diagnostic. S’il reste du tissu une fois que le diagnostic est effectué, ce reste est conservé et mis à la disposition des chercheurs.
Premiers résultats dès 2014
En 2014, le Dr Elisabeth Letellier et ses collègues chercheurs de l’Université du Luxembourg, d’IBBL, du Laboratoire national de la santé et du Luxembourg Institute of Health ont publié de premiers résultats dans la revue spécialisée British Journal of Cancer. Leur étude des molécules dites « SOCS », qui sont impliquées dans la régulation de l’inflammation, a en effet démontré qu’il y a moins de protéines SOCS dans un tissu colorectal cancéreux que dans un tissu colorectal sain. Les chercheurs ont également découvert un lien entre la quantité de SOCS2 dans un cas de cancer colorectal à un stade précoce et le pronostic des patients : ils ont remarqué que, dans environ 25 % des tissus cancéreux, l’activation du gène SOCS2 était bloquée. Combinés, ces résultats suggèrent un rôle important dans la prévention du cancer du côlon. Pour que cette première étape très prometteuse puisse éventuellement aboutir au développement d’un nouveau test de diagnostic précoce, les résultats doivent maintenant être validés auprès d’un plus grand nombre de patients et, si possible, reproduits avec des échantillons biologiques faciles à obtenir, tels que le sang et les selles. Le CHEM continue donc à recruter davantage de patients atteints d’un cancer colorectal, afin de permettre aux chercheurs d’approfondir leurs analyses.
La coopération entre le CHEM et l’IBBL s’inscrit dans le cadre directeur du Plan National Cancer, qui vise à mettre en place un processus d’organisation pour une collecte structurée et sécurisée des spécimens de cancer prévus dans le plan stratégique de l’IBBL, dans le contexte de l’optimisation de la recherche en cancérologie.